Mercredi, on annoncait la possibilite que le mariage fasse desormais l’objet d’une rupture simplifiee, devant notaire, a bien le moins lorsque le divorce intervient par consentement mutuel.

Un lecteur m’incitait a reagir, je n’en avais nullement l’intention.

Par lassitude, decouragement. Parce que sans illusions.

Jeudi, j’ai eu le bonheur d’assister a J’ai soutenance de these d’un brillant ami, Jean. Un ami, aux convictions affirmees et « trans-clivages », avec lequel j’ai pu passer des diners en desaccord sinon violent, a bien le moins sonore, ainsi, qui possi?de soutenu une these avec laquelle je devrais pouvoir, a l’inverse, me trouver en vigoureux accord.

Sa these, de droit, a dans « les devoirs conjugaux ». Une these… a these, developpee via un auteur exigeant et intellectuellement ambitieux. Sa these reste pessimiste et, si le jury a ose Chateaubriand et Flaubert (mais aussi Fred Vargas) pour evoquer le look, il s’est garde d’une reference a Zola et le J’Accuse, certes eculee mais au moins restait-on au siecle.

De ce que j’ai pu saisir de son propos, apres avoir examine l’ensemble des obligations subsistant malgre bien dans le mariage, il en demontre l’abscence d’effectivite – soit son absence de realite.

Il demontre paralli?lement i  cela la disparition de toute obligation nouvelle que patrimoniale (i.e les pepettes) au mariage.

Deux parties, donc : « l’union matrimoniale apprehendee dans toute sa realite factuelle » puis « l’union matrimoniale abandonnee a sa realite factuelle« , firstmet france i§a pour demontrer que tant le legislateur que les juges ont abdique toute volonte de preserver de veritables obligations au mariage.

Rien ne subsiste donc qui puisse le dissocier des autres modes de relations de couples (concubinage ou PACS). Et l’alors point encore docteur en Droit de fustiger l’hypocrisie du legislateur qui maintient aux yeux une societe la fiction du mariage, quand sa version actuelle n’a qu’un lointain rapport avec l’idee que l’on peut bien en avoir. Qui n’assume nullement le gabarit de ses reformes, continuant a appeler mariage ce qui n’en est plus 1.

Pourtant, comme l’ecrit Jean dans sa these [1] , « les obligations ne sont pas la consequence du mariage, elles en seront l’essence« .

Otez au mariage ses devoirs – ses engagements reciproques – et vous ne creez nullement un mariage light, vous le detruisez. Un camembert sans matiere grasse est-il bien 1 camembert ? Un chocolat sans cacao est-il encore votre caramel ? Bref, il y a tromperie – assumee – sur la marchandise.

Voila bien ou se trouve cette grande tartufferie sociale et ce, aussi que l’evolution voulue via Divers n’est aussi pas encore achevee.

Ainsi ceux qui moquaient, il y a 30-40 annees, l’hypocrisie du mariage l’ont juste remplacee via une autre : une telle agence immature souhaite le titre, le mot, le symbole, mais gui?re votre qu’il recouvre. Elle joue a J’ai princesse. Elle souhaite le mariage mais nullement ses obligations [2] … etre maris et femmes, oui, mais concubins !

D’autres voies s’ouvraient pourtant : assumer le concubinage, quitte a lui tomber sur votre plus beau nom Afin de la galerie, ou conclure un PACS. Mais La selection a plutot ete fait d’affadir le mariage.

Au sujet du PACS, une telle soutenance a eu raison de l’un des rares credits que je lui accordais : revaloriser le mariage civil, faire de lui un vrai choix, porteur de sens, dans la plenitude de l’engagement reciproque qu’il suppose. Je faisais erreur : on persiste a vouloir vider le mariage de une realite. Cela intervient de facon plus ou moins notable : au gre d’une reforme legislative, ou au fil des decisions jurisprudentielles.

A votre relation puerile qu’entretient une societe adolescente avec l’engagement s’ajoute 1 nouvelle phenomene – paradoxal ou pervers – devalorisant le mariage. On le decrivait tel un « bout de papier » dont l’amour veritable doit se passer. Or, au lieu d’en demontrer la richesse, la force, l’importance, i  la place de l’enrichir pour repondre a votre grief, on l’a du coup prive de substance veritable et des au cours, concernant le coup, transforme en vrai « bout de papier ». Ceux qui le depeignaient ainsi a tort il y a quelques annees ont la possibilite de desormais le faire a raison. Et c’est de un fait.

Voila qu’en outre, on en viendrait a rompre le mariage via un simple acte notarie. Mon correspondant m’alertait en soulignant qu’ainsi, on vidait veritablement le mariage de sa substance. L’idee me genait car je ne veux nullement voir la substance du mariage dans ses modalites de rupture. Il va i?tre neanmoins vrai que l’on se demande quel pourra beaucoup etre ce si grand engagement que l’on romprait avec autant de facilite.

Cette proposition, si elle etait adoptee, s’inscrirait au mieux dans le mouvement decrit plus haut : i  la place meme de promouvoir des formes alternatives d’engagement (existantes ou a coder), on calque le mariage sur les formes moins engageantes. A quand, comme concernant le PACS, une rupture avec simple acte d’huissier ?

Tentant de temperer le pessimisme du doctorant, le jury attirait le attention sur l’evolution historique, soulignant que d’autres periodes ne se paraissent guere distinguees par leur respect de l’union matrimoniale. Jean concedait l’existence de cycles historiques. A un autre moment, on l’interrogea via votre qu’il pronerait s’il pouvait guider la plume du legislateur. Et Jean de se prononcer en faveur d’ « une reforme brutale du mariage, Afin de lui rendre sa substance ».

On la souhaitera.

On pourrait aller jusqu’a l’esperer, si l’Histoire est vraiment cyclique. Et si votre agence revenait a maturite.

  1. la, j’introduis les reserves d’usage que j’aurais du introduire plus haut mais n’ai gui?re introduites pour des questions de mise en page, pour souligner que et cela suit correspond a une retranscription de votre que j’ai saisi d’une soutenance de 20 minutes d’une these de 526 pages, assortie de mes propres anecdotes [?]
  2. a noter qu’en droit, la notion d’obligation est moins « chargee » que au langage usuel et correspond davantage au terme d’engagement [?]